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DE CONFUCIUS


dent par là merveilleuſement la doctrine Morale de Confucius, qui regloit les devoirs politiques, de même que ceux des familles, & des particuliers. Les Hiſtoires de la Chine portent donc[1], qu’autant de fois, qu’il a été queſtion de témoigner dans toute ſorte de perils ſon affection pour la Patrie, & ſa fidélité envers le Prince, les Philoſophes, dont nous parlons, ont toujours fait paroître plus de généroſité, en s’expoſant franchement aux hazards & mépriſant la mort même, que ceux de la profeſſion Militaire, à qui le maniement ordinaire des armes ſemble devoir relever de beaucoup de courage. Or on ne peut pas douter, que de ſi nobles reſolutions n’aient pour fondement les maximes politiques & les belles moralités de Confucius, qui leur enſeignent à être magnanimes, & à perdre librement la vie, lorſque le ſervice de leur Roi ou de leur païs l’exige.

Quoiqu’il en ſoit, ce pouvoir ſi abſolu que Confucius a donné aux hommes de lettres dans la Chine, ſemble d’autant plus admirable, que le Japon, qui en en eſt fort proche, ſe gouverne tout autrement[2], les armes y tenans tellement le deſſus, qu’on n’y fait preſque nul état des ſciences. Ce n’eſt pas

  1. Trigaut l. 1. cap.
  2. Relat. de la Cochinchine. 1. Part. chap. 6.