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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


juſqu’à dire, que tant d’en faut que l’Académie de Confucius ait ſes principes contraires à nôtre Réligion, qu’ils ſemblent n’être faits, que pour la favorifer faits, & lui donner de l’aide. Condannons donc cette Indolence ou cette exemtion de toute douleur, dont Xaca faiſoit nôtre parfaite béatitude ; & reconnoiſſons encore, que ſes termes touchant la Divinité ne peuvent être reçûs. Avouons que les diſciples de Confucius ont eu ſans doute des opinions erronées ſur beaucoup de ſujets ; qu’ils ont enſeigné auſſi bien que Pythagore une ridicule Métempſychoſe, & qu’ils ſe ſont lourdement abufés avec les Stoïciens, quand ils ont crû qu’il n’y avoit que l’ame des hommes de vertu qui fût immortelle. Mais reconnoiſſons en ſuite, que les uns & les autres n’ont pas laissé d’avoir de fort bonnes pensées d’ailleurs ; qu’ils ont inſtruit & porté au bien de très grandes Provinces, qui leur en rendent des honneurs immortels, & que leur doctrine auſſi ennemie de l’idolâtrie, qu’elle eſt remplie de belles moralités, ne mérite peut-être pas moins qu’on l’eſtime, que celle des Grecs & des Romains, dont on a tant parlé, encore que la premiere nous ſoit beaucoup moins connue, à cauſe de la grande diſtance, qui nous ſépare des extré-