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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


avoir parlé de cette mort fort diverſement & ſans rien determiner[1], il ſe plait à le rendre ridicule par une envie ambitieuſe, qu’il attribue à cet Empereur, le figurant prêt de ſe jetter dans le fleuve au rivage duquel il étoit, afin que ſon corps ne ſe trouvant plus, il fit ſans difficulté pris pour un Dieu, comme aſſez d’autres, que le Gentiliſme a ſouvent conſacrés, après être ainſi diſparus. Il aſſure même que ſans l’oppoſition d’un Eunuque, qui ne voulut jamais conſentir à cette fourberie, les plus intimes amis de Julien lui euſſent aidé à le faire. Voilà de quelle façon les Chrétiens parlèrent de celui, qui les avoit ſi mal traités.

D’un autre côté les Ethniques, dont il avoit favoriſé l’Idolâtrie, & qui ſe ſentoient ſes redevables en mille façons, firent ſon portrait ſi accompli, & enluminèrent toute ſa vie de ſi belles couleurs, qu’elle pouvoit paſſer pour la piece de cette nature la mieux achevée, qui eût jamais paru dans le monde. Mamertin, Libanius, & Porphyre furent les plus grands maîtres, qui y mirent la main, dans des Oraiſon funebres & Panegyriques, dont il ne nous reſte que celle du premier, qui eſt l’action de graces pour ſon Conſulat. Calliſte[2], qui étoit des Gardes ordinaires de

  1. cap. 20. Invect. 2.
  2. Niceph.