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DE IULIEN


l’avantage de celui, dont nous parlons, que les miens… Sextus Aurelius Victor, celui, qui a fait l’Epitome de la vie des Empereurs Romains juſqu’à Theodoſe le Grand, s’explique, ſelon ſa façon d’écrire, en deux mots de ce qu’il penſoit de Julien, aſſurant quil avoit une connoiſſance merveilleuſe, tant des ſciences que des affaires, & qu’il ne cédoit en rien aux plus grands Philoſophes, ni à pas un des Sages de la Grece. Zoſime comprend auſſi beaucoup en peu de paroles, quand il ſoutient, que Julien ſurpaſſoit en vertu tous les hommes de ſon ſiécle. Et quand il compare la victoire[1], qu’obtint cet Empereur auprès de Strasbourg ſur les Allemans, dont il y eût trente mille de tués ſur la place, & autant de noiés dans le Rhin, à celle d’Alexandre contre Darius, il montre bien l’eſtime merveilleuſe, qu’il faiſoit de lui. Ces trois ou quatre autorités ſuffiſent, pour faire voir combien le jugement des Gentils a été différent de celui des Chrétiens ſur le ſujet que nous traitons.

Or s’il n’y avoit rien à conſidérer dans cette diverfité que le mérite des uns & des autres, je penſe qu’il ne ſe trouveroit perſonne d’entre nous, qui voulût héſiter à prendre parti, & que le zèle de la Réligion n’obligeât

  1. Lib. 3. hiſt.