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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


à mépriſer ce qu’on dit des Infideles, pour donner toute créance aux écrits de Saint Gregoire de Nazianze, de Saint Jean Chryſoſtome, & de Saint Cyrille. Mais pluſieurs ſoutiennent, qu’il faut avoir égard au genre d’oraiſon dont chacun d’eux s’eſt ſervi, & qu’il n’y auroit point d’apparence de donner autant de créance à celui, qui emploie ouvertement toutes les couleurs de la Rhétorique pour perſuader, qu’à un autre, qui fait profeſſion, & qui eſt obligé en effet, de rapporter nuément & avec fidelité ce qui eſt de ſa matiere. Car on ne peut pas nier, que ces bons Peres, qui ont ſi fort condanné toutes les actions de Julien, n’euſſent pris à tâche de le diffamer entierement, comme ſon Apoſtaſie, & ſon injuſte procedé contre le Chriſtianiſme le méritoit bien. Le ſeul titre de leurs livres le montre aſſez, & quand Saint Gregoire, qui traite le plus mal de tous cet Empereur, a donné le nom d’invectives aux deux piéces, qu’il a faites contre lui, il a ſuffiſamment témoigné, quel étoit ſon deſſein. Il s’en faut tant, qu’on les doive prendre au pied de la lettre, comme l’on dit, que tout le monde s’eſt étonné de voir, qu’en haine de cet Apoſtat, un ſi grand Théologien ſe ſoit diſpenſé de louër des Hérétiques,