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DE IULIEN


& de repréſenter Conſtantius comme un Saint, qui fut le protecteur des Arriens contre les Catholiques. Ce n’eſt pas la même choſe d’un Hiſtorien, que l’amour ni la haine ne doivent jamais empêcher de dire le bien & le mal des perſonnes, dont il repréſente les vies. Auſſi voions nous, que ceux, qui ont ſi hautement priſé Julien dans leur Hiſtoire, ne ſe ſont pas tûs de ſes vices, & qu’enſuite des éloges qu’ils lui ont donnés, ils ont toûjours remarqué les defauts, qui lui pouvoient être juſtement imputés. Ammien Marcellin le taxe d’avoir eu l’eſprit tardif[1], ou leger, ſelon que cet endroit de ſon vint cinquiéme livre ſe lit diverſement, avoüant néanmoins, que par la correction de ſes amis, qu’il ſouffroit volontiers, ce manquement n’étoit preſque pas reconnoiſſable. Mais il le reprend ſévèrement & ſans l’excuſer d’avoir été trop grand parleur, de s’être laiſſé emporter auſſi bien qu’Adrien aux vaines curioſités de l’avenir, d’avoir trop eſtimé les applaudiſſemens du peuple, & de n’avoir pas été toûjours égal à ſoi en diſtribuant la Juſtice. N’avoue-t-il pas même, qu’il étoit plûtôt ſuperſtitieux, que légitime obſervateur des Loix du Paganiſme, ſe moquant de lui auſſi bien que de Marcus, pour avoir

  1. Lentioris vel levioris imagini