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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


créance, c’eſt une calomnie, qui ne peut faire impreſſion, que ſur ceux, qui ſeroient ignorans tout à fait de l’Hiſtoire. Car on ſait que Saint Cyrille n’a vécu que quelque tems après lui, & que S. Gregoire, ni Saint Chryſoſtome ne l’ont mal traité, comme ils ont fait, que depuis fa mort. De ſorte, que, c’eſt une moquerie de dire, que fon animoſité contre les Chrétiens procedât des mauvais propos, qu’ils tenoient de lui, vû que, comme nous avons déja remarqué, ils n’oppoſèrent jamais que leur patience à toutes ſes violences, & ſe tinrent tellement dans le devoir de leur ſujetion, que ſon armée, qui l’accompagnoit contre les Perſes n’étoit pas moins compoſée de Fideles, que de prefanes & d’idolâtres.

Mais outre qu’il eſt vrai, que jamais ces Peres ne donnèrent aucun ſujet à Julien de perſécuter le Chriſtianiſme, je crois qu’au lieu de les blâmer de la façon, dont ils ont écrit contre lui, nous devons eſtimer leur pieté, & leur ſavoir gré du zèle qu’ils ont fait paroitre pour nôtre Réligion. En effet, il faut conſidérer, qu’ils avoient à faire à un Prince, qui emploioit toutes les forces de ſon eſprit, & de ſon Diadême, à ruïner ce que Conſtantin & ſes Enfans venoient d’édifier