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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


de ces grands Perſonnages, qu’ils ont eu très pieux, & très proportionné à la condition du tems, auquel ils vivoient.

Que s’il faut que nous faſſions diſtinction entre nôtre ſiécle & le leur, comme c’eſt une choſe, qui ſe pratiqué aſſez ſouvent dans l’Egliſe, & qui eſt conforme à la doctrine de Saint Auguſtin[1], que nous avons déja rapportée, je crois que ſans rien rabatre de l’averſion, qu’ont euë ces Peres, & que nous devons toûjours avoir contre Julien, eu égard à ſon Apoſtaſie, nous pouvons douze cens ans & plus après eux, reconnoitre de certaines vérités hiſtoriques, qui ne peuvent plus nuire à perſonne, & parler de lui conformément à ce que tant d’Auteurs Chrétiens & profanes en ont écrit. Car puiſque le Paganiſme, qui étoit alors, ſe trouve à préſent entierement aboli, & puiſque nous n’avons plus à craindre, que ni Saturne ni Jupiter ſe remettent ſur nos Autels, je ne vois pas, qu’il y ait d’inconvenient à recevoir ce qui ne peut être rejetté, ſans revoquer en doute par même moien tout ce que nous liſons de plus conſtant dans les livres. Je ſai bien, qu’il y a encore des Idolâtres dans le monde, & qu’il ſe trouve de nos jours des hommes, qui adorent dans l’une & l’autre Inde les animaux,

  1. Ep. 50. ad Bonifac.