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DE IULIEN


& les choſes mêmes inanimées, qu’ils craignent, ou qui leur profitent. La dannable Secte de Mahomet s’étend par toutes les trois parties de l’ancien hémiſphere… Et le nombre des Athées y eſt peut-être plus grand, qu’il ne fut jamais. Mais je nie, qu’il reſte la moindre véneration de toutes ces fauſſes Divinités des Anciens, ni que Jupiter, Junon, ou Neptune reçoivent plus d’encens en quelque coin de la terre que ce puiſſe être. Cela étant ainſi, qu’y a-t-il plus à redouter de la part de Julien, qui ne viſoit qu’à rétablir leurs Sacrifices ? & quel mal peut venir de ce que nous reconnoitrons en lui quelques bonnes parties parmi les vicieuſes, & de certaines vertus Morales, comme autant de dons de Dieu, dont il abuſoit, & qui ne lui ont ſervi, qu’à rendre ſes fautes plus irrémiſſibles. Ce qui m’aſſure que nous le pouvons bien faire, c’eſt qu’outre le témoignage de tant d’Hiſtoriens, qui ont tous convenu en ce point, que la Nature avoit donné d’excellentes qualités de corps & d’eſprit à Julien, je vois que Saint Auguſtin n’a pas fait difficulté des ſon tems de l’avouer[1], quand# il dit en parlant de lui, Cujus egregiam indolem decepit amore dominandi ſacrilega & deteſtanda curioſitas. Louis Vives ajoute dans

  1. Lib. 7. de Civ. Dei cap. 21.