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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.

ſon Commentaire ſur ce paſſage, Vir cœtera egregii animi, regendique imperii callentiſſimus. Suidas n’a point fait de ſcrupule non plus, de lui donner la vertu, qu’on veut, qui contienne en ſoi toutes les autres. Il aſſure, que comme ſa grande Juſtice le rendoit de facile accès aux gens de bien, elle le faiſoit haïr de tous les méchans, qui le trouvoient inſupportable. Et il le recommande encore pour cette bonté ſinguliere, dont il uſoit envers les perſonnes de lettres, s’étant toûjours, comporté avec égalité, & ſans prendre avantage de ce qu’il étoit, parmi les Philoſophes. Cela me fait ſouvenir du reproche, que lui fait Ammien[1], d’avoir reçû trop familiérement le Sophiſte Maximus, s’étant levé de ſon ſiége pour aller au devant de lui & pour le recevoir à bras ouverts. On ſait auſſi, qu’il honora Thémiſtius de la Préfecture de Rome ; qu’il fit Queſteur Libanius, cet autre Sophiſte, que Saint Baſile a tant eſtimé, & qu’un nombre d’autres hommes ſavans, tels que Priſcus, Jambliche, Oribaſius, & Prohærefius, reçûrent de grandes faveurs de lui. Cependant Saint Auguſtin & les autres, qui, ont reconnu, que Julien poſſedoit ces bonnes conditions, n’ignoroient pas ce que Saint Gregoire, Saint Chryſoſtome, & Saint Cyrille avoient écrit de lui, & ne déteſtoient pas

  1. Lib. 22.