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DE IULIEN


moins qu’eux les vices, qui le diffamoient d’ailleurs, & ſur tout ſon Apoſtaſie. Mais parce que ceux-là ont parlé en un tems où le Chriſtianiſme étoit en aſſurance, & où la mémoire des vertus de Julien ne pouvoit plus faire de préjudice aux Fideles, ils ſe ſont diſpenſés d’en dire ce qu’ils trouvoient conſtant par toutes les Hiſtoires.

En effet, on ne ſauroit nier, que Julien ne ſût doüé d’un excellent naturel, ſoit pour les exercices de la Paix, ſoit pour ceux de la guerre. Il apprit les premiers Rudimens de la Grammaire de l’Eunuque Mardonius dans Conſtantinople, & puis auprès de Céſarée. Eccholius, cet homme ſi inconſtant en la Foi, fut ſon maitre en Rhétorique… Et s’il n’eût point été tranſporté en Nicomedie, où Libanius, & depuis Maximus depravèrent fon ame par des leçons d’impieté, & d’idolâtrie, ſa premiere inſtitution, toute Chrétienne, donnoit de merveilleuſes eſperances de ſa perſonne. Lui & ſon frere Gallus eûrent la charge de Lecteurs publics dans l’Egliſe, & leur devotion les porta à faire bâtir des Temples en l’honneur de quelques Martyrs, qui témoignèrent dès lors n’avoir pas agréable le zèle du premier. Tant y a que par ſa propre confeſſion, dans la lettre qu’il écrit aux Alexandrins[1], il fut juſqu’à l’âge de vingt ans

  1. Ep. 22.