Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
394
DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


ſtice & la Prudence, comprennent en certaine façon toutes les autres ; & qu’elles ſont en guerre perpetuelle contre les vices, qui leur ſont contraires : La même Ecole néanmoins nous apprend, que hors le degré héroique ou parfait, elles peuvent fort bien ſubſiſter les unes ſans les autres, que tel peut êtreloüé de Juſtice, & de Prudence, à qui la Force, ou la Temperance manqueront ; & qu’il ſe trouve des perſonnes, qu’on voit en même tems vertueuſes en un ſujet, & vicieuſes en un autre. Cela étant, quel inconvenient y a-t-il à recevoir l’Hiſtoire de Julien toute entiere, & à laiſſer à cet Empereur les qualités loüables qu’elle lui donne, puiſque cela n’empêche pas, que nous ne condannions ſes crimes, & que nous ne deteſtions ſon Apoſtafie ?

Or, outre l’obligation que j’avois en traitant mon ſujet, de faire voir parl’exemple d’une perſonne ſi odieuſe, que la Vertu des Païens doit être reconnué en ceux mêmes, dont nous tenons le ſalut pour deſeſperé ; j’ai été bien aiſe de prendre cette occaſion d’expliquer ce que j’écrivis de Julien dans un autre livre que celui ci, parce que je me ſuis apperçu que mes paroles ont été mal interprétées. Il m’arriva en parlant de la valeur des grands Capitaines[1], de mettre Julien au nombre de ceux qui ſe ſont le plus librement expoſés aux perils

  1. Livr. de l’inſtruct.