Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
396
DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


vie beaucoup plus longue ; la mort de Julien témoigne, que les ſiennes n’ont rien d’inferieur en la qualité. Quant au Génie philoſophique d’Antonin, que les douze livres de ſa vie, écrits par lui-même, nous font voir ſi clairement : Le lieu où Julien le met dans ſes Céſars, le préſerant à tous ſes prédeceſſeurs ; ce qu’il écrit à Thémiſtius des actions de Socrate, dont il fait bien plus de cas, que de celles d’Alexandre ; ſon Antiochide, & le reſte de ſes compoſitions, montrent aſſez, que jamais perſonne de ſa condition n’eût plus d’inclination que lui à la Philoſophie des Gentils. Confidérons maintenant l’interêt des Empereurs Chrétiens, afin que je me dédiſe, s’il m’eſt arrivé de me tromper au jugement que je me ſuis hazardé de donner. Certes, je le ſerois avec beaucoup de repentance, ſi j’avois été ſi téméraire, que de leur comparer un Rénegat, à plus forte raiſon de le mettre au-deſſus d’eux. Mais comme je n’en eus jamais la moindre penſée, auſſi crois-je l’avoir ſi bien diſtingué d’eux en remarquant, que ſon Apoſtaſie ſeule lui faiſoit perdre le rang qu’il eût pû prétendre, qu’on a eu tort, ce me ſemble, de me rien imputer là-deſſus. N’eſt ce pas une choſe fort évidente, que ſi Ju lien fut demeuré dans la créance, oû il avoitété élevé, toutes ces rares qualités, qu’il poſſedoit & dont il s’eſt ſi miſerablement ſervi, euſſent