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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


ni que nous lui avons élevé des autels, ſi l’on ne donne à nos paroles des interprétations du tout contraire à ce qui eſt de nôtre intention.

Pour le ſurplus je perſiſte en mon opinion, que comme on ne ſauroit trop déteſter les crimes de Julien, & ſur tout ſa deſertion lorſqu’il a manqué de foi à ſon Créateur ; rien n’empêche auſſi, que nous ne reconnoiſſions franchement les vertus qui lui ſont attribuées, quoiqu’inférieures de beaucoup à la malice. La doctrine des mœurs souffre, qu’on conſidére le bien & le mal dans un même ſujet. Et ſi une pierre précieuſe ne perd rien de ſon prix, pour être tombée entre les mains d’un Voleur ; la vertu a ce privilège, de ſe faire admirer en quelque lieu qu’elle ſoit, & d’être vertu, même encore quelle n’y reluiſe que pour éclairer ſa condamnation. Il n’eſt pas d’ailleurs inutile de faire voir par ſon exemple aux autres Potentats de la terre, que quelques dons de Nature que Dieu leur accorde) & quelques vertus qu’ils puiſſent acquérir pendant leur vie ; s’ils quittent ſes Autels, & s’ils ne le ſervent avec une véritable piété, leur mémoire ne laiſſera pas d’être abominable à perpétuité.

Conclusion


Cest ce que j’avois à dire fur le fujet de la Vertu des Païens. J’ai fait voir dans la premiere partie de ce Livre, que depuis la nais-