Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
PREMIERE PARTIE


phetes, il ait envoié pour la même fin des Philoſophes aux premiers.

Il y en a qui ont tenu regitre[1] d’un grand nombre de paſſages de Saint Auguſtin (h)[2]

    neuvième chapitre d’Ezechiel, en ces mots : Cœterum ex eo quod Nabuchodonozor, mercedem cepit boni operis, intelligimus etiam Ethnicos, ſi quid boni ſecerint, non abſtus mare de Dei iudicio præteriri. Unde & per Haremiam Nabuchodonozor columba Dei appellatur, eo quod adverſum populum peccatorem Dei ſervierit voluntati. Et adducam, inquit, ſervum meum Nabuchodonozor. Ex quo perſpicuum eſt condemnari nos comparatione Gentilium, ſi illi lege faciant naturali, quæ nos etiam ſcripta negligimus.

  1. V. Ioan. Langum in Schol.
  2. (h) Entre les paſſages de Saint Auguſtin que je dis qu’on a cités comme favorables au ſalut des Paiens, qui ont été vertueux, je rapporterai celui de ſa quarante neuviéme Epitre adreſſée ad Deo-gratias Preſbyterum, où il lui dit dans la réponſe à la ſeconde queſtion, Ab exordio generis humani, quicumque in eum crediderunt, eumque utcumque intellexerunt, et secundum eius praecepta pie et iuste vixerunt, quandolibet et ubilibet fuerint, per eum procul dubio salvi facti sunt. . Et il montre après comme il y a eu ſans doute pluſieurs autres personnes outre les Iſraelites agréables à Dieu, & que de toute ſorte de Nations il s’en eſt pû ſauver auſſi bien que de celle des Hébreux. Ce qu’il dit dans le quarante septiéme chapitre
    du dix huitiéme livre de ſa Cité de Dieu au ſujet de Iob, eſt tout conforme à cela. Divinitus autem proviſum fuiſſe non dubito, ut ex hoc uno ſciremus etiam per alias gentes esse potuiſſe, qui ſecundum Deum vixerunt eique placuerunt, pertinentes ad ſpiritalem Hieruſalem. Encore qu’il ne doute point que ce n’ait été par le moien d’une révelation du Médiateur, & de la même Foi qui nous ſauve tous, laquelle nous ne pouvons pas préſuppoſer autre qu’implicite, puiſque comme dit Saint Thomas, la plupart même des Iuifs ne l’avoient pas explicite. Louis Vives eſt tellement pour le ſalut des Païens vertueux d’alors dans ſon Commentaire ſur ce chapitre, qu’il conclut même pour la félicité éternelle des Gentils du temps préſent, qui ſans avoir oui parler de l’Evangile de Jeſus Chriſt, ne laiſſent pas de vivre moralement bien. Obſervons ſes termes : Potuerunt qui ex Gentibus naturam ſequebantur ducem, illam non pravis judiciis opininibuſque inquinatam & corruptam, tam grati eſſe Deo, quam qui legem Moſaïcam ſervaverunt. Quod enim hiconſequenti ſunt per legem, illi eſſent conſequenti : & qui tales fière ſine lège, eodem quo Iudai pervenerunt, cum eodem contenderent. Nec inter eos aliud diſcrimen fuit.
C iij