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DE LA VERTU DES PAYENS.

Les raiſons de tous ces grands Docteurs ſont fondées principalement ſur la bonté de Dieu, qui veut, comme dit Saint Paul, que tous les hommes ſoient ſauvés, ne les aiant créés que pour les rendre participans de la félicité éternelle, qui eſt leur fin dernière. Il n’y a donc point d’apparence d’en exclure les Gentils, pour n’avoir pas obſervé la Loi Judaïque, vû que la plupart d’entre eux n’en eurent jamais aucune connoiſſance, & que d’ailleurs elle ne les obligeoit pas, comme nous avons dit, mais ſeulement le peuple Hébreu, à qui elle avoit été particulièrement donnée. Autrement il ſembleroit que Dieu les auroit aſtreins à l’impoſſible, & leur auroit propoſé une fin, où ils ne pouvoient pas arriver, ce qui ne peut-être dit ſans impieté & ſans blaſphëme.

D’ailleurs, le même Apôtre nous aſſure [1], qu’il n’y a point en Dieu d’acceptation de personnes, ni de cette προσωποληψια des Grecs,

    logiens de Paris ſemble avoir condannées, par l’approbation qu’elle donna aux corrections de Beda : L’on ne voit point pourtant, qu’il ait rien trouvé à redire au paſſage que nous venons de rapporter, ce qui tient lieu évidemment d’une formelle approbation.

    Pomponace dans ſon cinquiéme livre De Fato & libero ar bitrio chapitre ſeptiéme, s’ex plique là-deſſus en ces mots, quanquam Deus voiuerit abater no omnes homines eſſe beatos, in telligendum tainen eſt de beatitu dine que debetur homini ex puris maturalibus, ad quam per purº maturalia pervenire poſſunt : quant beatitudinem mnultos ex gentibus exiſtimo habuiſſe, qui vixerunt ſecundum regulam Natura.<ref>Ep. 1. ad Timoth. cap. 2.

  1. Ad Rom. c. 2. art. 11.