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PREMIERE PARTIE


ne des enfans, par la Foi implicite de leurs parens & en celle des plus âgés, par la pre-

    a que trop de perſonnes encore aujourd’hui parmi nous, qui ne ſe portent aux actions, qui pa roiſſent recommandahles, que par de ſemblables principes. Maisnous nions abſolument, que tous les Ethniques euſſent ſans exception le mêine defaut ; & la raiſonjointe à la Charité, nous obligé d’avoir meilleure opinion de quelques uns d’entreeux, te nant pour vraiſemblâble qu’il y en avoit qui n’embraſſoient la Vertu & ne la cultivoient, que pour être agréables à Dieu, & parce qu’ils étoient perſuadés qu’il fe plaiſoit à leur voir faire de bonnes & loüables actions. le nevoudroispour lebien prou ver que les belles Paraphraſes qu’on a fait fur ces textes de Se neque, où il reconnoitque nous ne pouvons entrer en alliance avec Dieu que par le moien de la Vertu : Qu’elle eſt l’unique diſpoſition qu’il demande pour nousàpprocher de lui, qui avoue pour ſes enfans ceux qui la re connoiſſent pour Mere : Et que le Ciel eſt l’héritage de ceux qu’elle veut adopter. Eſt-il pos ſible qu’après avoir fait tenir de tels diſcours à un Infidele, qui parle en effet en mille lieux de ſes œuvres avec la méme pie té, l’on ſe † imaginer que lui & ſes femblables ne fiflent jalnais aucune action de celles qu’ils nommoient vertueuſes, que par une pure vanité ; & ja niais ponr plaire au Cie, ou pour obeir à la volcnté de celui qui ne voioit rien de plus à ſon grè ici
    bas qu’un homme vertueux ? Non video quid habeat in terrir Iupi terpulehrius, ſi convertere animum velit, quam ut ſpectet Catonem, dit Seneque au même livre de la Providence qu’on cite. Qu’on faſſe réflexion ſur tout ce qu’ont écrit là deſſus les Pythagoriciens auſſi bien que ceux de la Secte de Zenon, & on ſera contraint de reconnoitre, que comme ils tenoient les hommes vicieux pour les ennemis capitaux de Dieu, ils croioient auſſi que le même Dieu aimoit les gens de bien, & ceux qui ſuivoient la Vertu ; d’oû l’on ne ſauroits’em pêcher de conclure, que ceux qui avoient de telles ôpinions, ne fuſſent pour faire quelque fois de bonnes actions plûtôt pour ſarisfaire aux Loix Divines, & par la conſidération d’enhaur, que portés de pure vanité, ou de cette ſorte d’amour propre, qui eſt un crime. Cargénéralement parlant, il n’eſt pas toûjours condannable comme l’on vetrt établir ; & quand Dieu nous a commandé † nôtre pro chain d l’égal de nous-mêmes, il a bien montré que nous pou vions avoir de l’amour pour nôtre propre perſonne, ſans of. fenſer ſa Majeſté Divine.St.Tho 1ll4S †’qu’il n’y a que ce lui qui eſt deſordonné, & qui pafſe juſqu’au mépris de nôtre Créateur, qui nous faſſe pêcher. Pluſieurs ont fait diſtinction pour cela entre l’amour propre, & l’amour de ſoi-même. Et Pla ton a dit au cinquiéme livre dé

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