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PREMIERE PARTIE


aux péchés mortels, la remiſſion leur en étoit faite par le moien de la Contrition, de la mê-

    qu’on prend auſſi en mauvaiſe part contre la fidélité des Hiſtoires, & en donnant le démenti à tous les Auteurs, tant ſaints que profanes, qui les ont pro poſées à imiter ; les premiers aiant ſouvent fait honte aux Fi deles, comme nous l’avons mon tré, de ce que les leurs n’arri voient pas à un ſi haut degré de perfection. N’eſt ce pas déni er d’une plaiſante maniere §de Pithias & de Damon, de dire qu’elle pouvoit proce der de vanité plûtôt que d’affe &tion, & d’ambition que de fi délité ?, Choiſiſſés la plus ver tueuſe action des Chrétiens, & voiés ſi elle ne peut pas être dif famée par ceux qui voudront prendre la licence de la regar derd’un auſſi mauvais côté ? Car d’écrire ſimplement que St.Au ſtin en a quelquefois uſé de †nous avons répondu à cela ſuffiſamment, & i°it voir comment ſon zèle devoit être in terpreté. Il a néanmoins parlé ſouvent d’une toute autre façon ſur le même ſujet, & notam ment dans ſa Cité de Dieu, qu’il nomme lui-même ſon grand œuvre dans ſes Retractations.Et en tout cas tant de Peres de l’Egliſe qui l’ont précedé ou ſuivi, & dont nous venons de rappor ter les textes, ne nous permet tent pas de nous attacher ſi étroi tement à un avis ſingulier dont il s’eſt départi un ſi grand nom bre de fois. Qu’on ſe ſouvien ne de ce que nous liſons dans la Chronique de Proſper Aqui
    tanus, que ſous l’Empire d’Ar cadius & Honorius, un peu avant le commencement de celui de Pharamond dans nos Gaules, & par conſequent du ſiécle mê me de Saint Auguſtin, l’héréſie des Prédeſtinés ſe fit ſentir, qui vint de la mauvaiſe interpréta tion qu’on donnoit aux Ouvra ges de ce grand perſonnage, quae ab §libris male intelle étis accepiſſe dicitur imitium. Ce ſont les propres termes de Pro ſper, que nous conſidéronstan tôt pour avoir été auſſi attaché à la doctrine de St. Auguſtin, que contraire à celle des Pélagiens.

    Mais c’eſt paſſer de beaucou les bornes que je me ſuis pré ſcrites. Ce peu ſuffit pour ré pondre à ceux qui ne veulent pas que jamais aucun Paien ait fait une ſeule action vertueuſe par un bon mouvement, rappor tant les meilleurs œuvres de tous les Ethniques à l’amour propre & à la vanité. Certes il y a trop d’aigreur, pour ne pas dire d’in juſtice, dans un telle propoſi tion. Les plus gens de bien d’entre eux ſe portoient ſans dou te aux bonnes actions, comme je l’ai remarqué, pour ſatisfaire à leur conſcience, qui les obli geoit à ſuivre la Loi Naturelle écrite dans leurs cœurs, & qui n’eſt pas nioins une Loi Divine que celles qui ſont venuês de puis. Dabo legem meam in vi ſteribus eorum, 5 in corde eorum ſcribam eam, dit le Tout-puis ſant dans Ieremie. Tous les

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