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DE LA VERTU DES PAYENS.


maſcene n’a pas fait difficulté de le coucher ainſi dans l’un de ſes Sermons[1], & cette ſeconde autorité jointe aux précedentes montre aſſez quelle a été l’opinion de beaucoup des Anciens touchant nôtre queftion. Mais quand ces exemples ne pourroient pas être tirés en conſèquence, & qu’on devroit tenir pour certaine la damnation de tous les Païens idolâtres & ennemis de nôtre Loi, comme je penſe que c’eſt le plus ſûr, il reſte néanmoins deux très importantes difficultés à rcſoudre. L’une s’il en bien vrai que Jeſuss Chriſt ait été annoncé par toute la terre de telle ſorte, qu’on n’en puiſſe remarquer aucune partie, où pour le moins les principaux myſteres de nôtre Religion n’aient été connus. L’ature, au cas que cela ne ſoit pas, & qu’il ſe trouve des lieux qui n’aient jamais ouï parler de l’Evangile, ſi les Gentils de ces endroits là ſont aujourd’hui de pire condition, que ceux dont nous avons déja parlé, qui vivoient avant la venuë de nôtre Seigneur.

Quant à la première difficulté, c’eſt une choſe certaine que pluſieurs Pères, comme Saint Hilaire, Saint Anſelme, Saint Jean Chryſoſtome, & Saint Ambroiſe, ont crû, que la prédication univerſelle de nôtre Foi avoit été faite des le tems des Apôtres. Qn a interpre-

  1. Cui tirulus, quod qui in fides, &c.
preté