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PREMIERE PARTIE


ture ne manque jamais aux choſes néceſſaires, ſelon les principes de la Phyſique, croirons-nous dans la Théologie, que l’Auteur de la Nature puiſſe denier abſolument à un Gentil le moien de ſe ſauver, qui fait pour cela tout ce qui eſt en lui, & qui l’aimant de tout ſon cœur, ſans le connoître, ne fait rien à perſonne, que ce qu’il trouve bon qu’on lui faſſe ? L’Ecole met cette queſtion encore en plus forts termes, ſuppoſant un jeune Païen qui eſt mort un peu après avoir acquis l’uſage de la raiſon, & avant que d’avoir offenſé Dieu mortellement. Ajoutons, que dans ce peu de tems qu’il a vécu raiſonnablement, il a fait quelque action ſignalée de vertu, qui a été une offrande ſi agréable à Dieu qu’il s’eſt racheté par ſon moien du pèché originel, ſelon la doctrine que nous avons tantôt expliquée. On demande ſi ce jeune enfênt venant à mourir là deſſus, doit être heureux ou malheureux à perpétuité. Il y en a qui ne veulent pas, que le cas de cette hypothèſe puiſſe jamais arriver, la Providence Divine ne le permettant pas. D’autres ſoutiennent que Dieu ſuſciteroit plutôt un Ange pou faire connoître Jeſus Chriſt à cet Innocent, ou même pour le bâtiſer, que de ouffrir la perte de ſon ame, faute d’un Sacrement. Mais


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