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Page:La Motte de La Guyomarais - Souvenirs de 93, écrits en 1821.djvu/5

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SOUVENIRS DE 93
ÉCRITS EN 1821
OU
LA VÉRITÉ OPPOSÉE À DES MENSONGES

Armand Charles Tuffin, Marquis de la Royrie, né à Fougères, le 13 avril 1751, était fils de Messire Armand Joseph Jacques Tuffin, Marquis de la Royrie, et de Dame Thérèse de la Bélinaye. Il fut, en 1792, nommé par les princes, frères du Roi, chef de la Conjuration Bretonne. Il avait dans les Côtes-du-Nord plusieurs asiles, un entre autres à la Guyomarais chez Mr et Mme de la Motte.

La Guyomarais est retirée dans les terres, entourée de bois ; à cette époque, le chemin pour y arriver était assez mauvais. Elle est séparée de la forêt de la Hunaudaye par une prairie et un champ, mais pour un proscrit de la Convention, jeune et dispos, comme l’était le Marquis, à la moindre alerte, en trois ou quatre minutes, il eut été dans la Hunaudaye, forêt très mal percée ; mais en 93, elle lui offrait pour refuge des taillis magnifiques, avec des fourrés impénétrables, même à des chasseurs n’ayant pas l’habitude des « gaulis, surtout celle de brosser. »

Le Marquis de la Royrie, sous le nom de Gasselin, venait assez souvent se reposer de ses fatigues à la Guyomarais. Il savait qu’il était sous le toit d’un ami dévoué comme lui à la cause du roi. La Guyomarais n’était pas le lieu de rendez-vous des Conjurés. Le Marquis n’y passait jamais plus de deux jours de suite. Le 17 ou 18 janvier 93, par une sombre et pluvieuse soirée, le Marquis de la Royrie, Loisel, son secrétaire, Saint-Pierre, son domestique, arrivèrent à la Guyomarais.