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Page:La Motte de La Guyomarais - Souvenirs de 93, écrits en 1821.djvu/7

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Le 24 janvier, M. de La Guyomarais, voyant un mieux chez le Marquis, descendit, il vint rejoindre sa femme et la plus jeune de ses filles qui étaient dans un salon dont la fenêtre ouvre sur le jardin. Il pouvait être huit heures du soir.

Peu d’instants après l’arrivée au salon de M. de La Guyomarais, une voix étrangère fait entendre, près de la fenêtre, ces mots dits assez haut, pour être entendus de la chambre occupée par le Marquis, dont l’ouverture est aussi sur le jardin. « Si vous avez quelque chose à cacher, pressez-vous, une fouille sera faite cette nuit[1]. »

Le Marquis, ayant entendu l’avertissement, demande M. de La Guyomarais, il lui dit : — Vous venez, mon ami, d’entendre mon arrêt de mort, le vôtre, et peut-être celui de votre famille, si l’on me trouve chez vous. Faites-moi transporter dans la forêt, dans une hutte abandonnée par les charbonniers. — Mais ce serait vous tuer, dit M. de La Guyomarais. — Alors, reprit le Marquis, quittez votre maison, afin que l’on n’y trouve que moi ! — Pensez-vous, Marquis, que j’abandonnerai un ami malade ? — Votre dévouement, mon cher Guyomarais, est sublime ! Puisse-t-il n’être pas la cause de votre perte. Qu’allez-vous faire ? — Je vais vous faire transporter chez de braves et honnêtes fermiers que je connais, vous y passerez la nuit, après la fouille, au cas où elle soit faite, on vous rapportera ici ; ce voyage ne sera que de quelques minutes, et j’espère qu’il ne vous fatiguera pas par trop. — Le Marquis fut transporté à la ferme de la Gourhandais, chez les époux Pierre Lemasson, couché dans un de ces lits de ferme bretonne, carré, tout en bois, touchant presqu’au plafond, n’ayant qu’une petite ouverture se fermant avec des volets mobiles. La fermière s’installa sa garde-malade.

Les Patriotes de Lamballe arrivèrent entre quatre et cinq heures du matin à la Guyomarais ; la fouille n’ayant produit

  1. La famille de La Guyomarais a pensé que c’était un vieux gendarme, habitant Saint-Denoual, qui, reconnaissant d’un service que M. de La Guyomarais lui avait rendu, voulait à son tour lui témoigner sa reconnaissance. — C. de La Guyomarais.