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LA NATURE.

frettage qui n’offre pas les mêmes inconvénients. Il y avait en effet, dans le procédé primitif, de sérieuses difficultés à vaincre, en raison du poids énorme des masses à forger. Le frettage, on le sait, consiste dans l’application à chaud d’anneaux en acier sur le corps du canon maintenu froid. Cette opération donne à la pièce une résistance à l’éclatement bien supérieure à celle d’un culot massif de même épaisseur totale.

La bouche à feu représentée par notre gravure, quoique fabriquée en Russie dans les ateliers Oboukhoff, est faite selon le système Krupp : elle est formée d’un gros tube en acier fondu entouré d’anneaux de frettage, superposés sur quatre rangs de manière à s’échelonner le long de la pièce. Le tube intérieur est prolongé en arrière des frettes et porte une ouverture latérale destinée à recevoir le mécanisme de chargement ou culasse mobile.

Voici en quoi consiste ce mécanisme : un coin cylindro-prismatique, ayant sa face plane perpendiculaire à l’axe de l’âme, est mis en mouvement par l’action d’une vis à pas allongé, qui s’engage à la fois dans une portion d’écrou fixée au canon et dans une rainure non filetée pratiquée à la partie supérieure du coin. Lorsqu’on a, par le mouvement de cette vis, déterminé le serrage approximatif du coin, pour le rendre plus complet, on fait mouvoir une seconde vis à pas plus court, et mobile dans un écrou fixé en arrière du coin sur son milieu. Une manivelle permet d’agir successivement sur ces deux vis. Pour assurer l’obturation, c’est-à-dire pour empêcher les gaz chauds provenant de la combustion de la poudre de détériorer les joints de la culasse mobile, on emploie l’obturateur de Broadwell. Un anneau élastique en acier, dont la surface postérieure est plane et creusée de gorges circulaires de Om,005 de large sur 0m,002 de profondeur, est fixé à l’orifice postérieur de l’âme, de manière à se trouver en contact intime avec le rebord d’un plateau encastré dans le coin de serrage, lorsque la culasse mobile est fermée.

Si les gaz chauds arrivent dans les gorges de l’anneau, ils s’y répandent, y perdent leur pression et ne s’échappent pas au dehors. On évite ainsi, en même temps, les fuites et l’inconvénient résultant du passage des filets de gaz échauffés, qui produiraient des stries du métal, amenant ainsi une détérioration rapide des joints. Les projectiles sont cylindro-coniques, en fonte, et revêtus d’une chemise de plomb ; trois couronnes de ce dernier métal, faisant saillie à