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LA NATURE.

l’Europe, M. le sénateur de Sélys-Longchamps, nous apprend que ces deux races existent locales en Belgique, celle à jambes rouges dans les bruyères de la Campine, et en Hesbaye celle à jambes bleuâtres ou d’un jaune pâle. L’espèce est assez fréquente dans les années chaudes, à la fin d’août et en septembre, dans les champs de trèfle et de pommes de terre ; M. de Sélys-Longchamps pense qu’elle peut se reproduire pendant plusieurs années de suite, bien qu’on ne la trouve pas tous les ans. Les Sphinx du laurier-rose et célerio, originaires du centre de l’Afrique, offrent des faits analogues. Les individus septentrionaux du Criquet migrateur sont d’ordinaire plus petits que ceux des régions australes. Plusieurs auteurs disent que le mâle stridule, ce qui n’a jamais été indiqué pour le grand Criquet d’Afrique (Acridium peregrinum). De Géer rapporte qu’une femelle du Criquet migrateur, qu’il conservait dans une boite, pondit un grand nombre d’œufs qu’elle attacha à des tiges de gramen. Ils étaient allongés, d’environ 0m,005, arrondis aux deux bouts, d’une couleur de chair obscure, à coque très-fragile, et entourés d’une matière écumeuse, rosée, sécrétée par la mère et qui devint dure en se desséchant.

Criquet migrateur (Acridium peregrinum).
Mâle adulte et petits sortant de l’œuf. — Femelle au vol. — Nymphe. — Œufs dans leur gaine.

Une seconde espèce du genre Pachytylus est un de nos plus jolis criquets ; malheureusement ses belles couleurs doivent sembler une faible compensation aux agriculteurs dont elle dévaste les champs. Le P. stridulus, Linn. se reconnaît tout de suite à ses ailes inférieures, d’un beau rouge vermillon, bordées de noir. Chez le mâle, les élytres et les ailes dépassent l’abdomen ; elles sont plus courtes que lui chez la femelle. Celle-ci est en outre bien plus grande que le mâle, ayant de 0m,027 à 0m,035 de long, tandis que le mâle n’a que 0m,020 à 0m,027. Cette espèce fréquente une grande partie de l’Europe, causant parfois de grands dommages aux récoltes dans les régions méridionales. À la fin de juillet, en août et septembre, il vole dans les lieux un peu élevés, sablonneux, aride et pierreux et dans les prairies montagneuses des Alpes et des Pyrénées, en Italie supérieure, dans la Dalmatie, l’Istrie, dans tout le sud-est de la France. Je ne crois pas qu’on le rencontre près de Paris, car il ne faut pas le confondre avec une autre espèce à ailes rouges dont nous dirons un mot. On le trouve dans toute l’Allemagne, la Russie et aussi en Suède, et, d’après de Géer, dans les endroits montagneux et secs où l’on fait du charbon de bois. Il vole par saccades et s’élève assez haut, en produisant un frémissement particulier qui lui a valu son nom. Ce n’est nullement la stridulation volontaire du mâle appelant la femelle, mais un bruit mécanique dû au frottement des nervures très-épaisses du bord antérieur des ailes contre le bord postérieur des élytres.

Un dernier genre de criquets à espèce nuisible est celui des Caloptenus, Burmeister, ou Calliptamus, Audinet-Serville. Plus voisin des Acridium que les Pachytylus, ce genre a un tubercule au-dessous de la poitrine et trois carènes au-dessus du prothorax. Les élytres et les ailes sont bien développées et les cuisses postérieures très-dilatées. Les Caloptènes se reconnaissent immédiatement à leur corps épais et