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Page:La Nature, 1874, S1.djvu/110

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généralement, il se trouve bientôt réintégré dans sa situation normale. Le danger de dériver et la présence qu’exigent en pareil cas les différentes manœuvres proclament néanmoins assez haut le courage des hommes qui vivent toute l’année sous une pareille menace. Comme il faut d’ailleurs tout prévoir, un vaisseau de rechange, spare vessel, se tient prêt dans les quartiers généraux du district à n’importe quelle éventualité. Grâce aux télégraphes établis sur les côtes, la nouvelle est bientôt connue, et souvent avant le coucher du soleil, le bâtiment de réserve, remorqué à toute vapeur, occupe déjà la place du navire forcé et arraché par la tourmente. Les lights-vessel de la Trinity-House sont peints en rouge, ceux d’Irlande sont noirs. »

Les côtes des États-Unis offrent parfois de grands dangers à la navigation ; aussi l’administration des phares songe-t-elle à multiplier les feux flottants déjà nombreux, des côtes américaines. La France, dont les côtes n’ont pas les mêmes exigences que celles de l’Angleterre et des États-Unis, ne compte qu’un très-petit nombre de bateaux-phares. Les feux flottants du Royaume-Uni sont au nombre de cinquante environ. Il en existe une quantité bien plus considérable aux États-Unis, et comme nous l’avons dit, on la verra s’accroître encore dans une proportion considérable. On doit féliciter le gouvernement américain des louables efforts qu’il fait pour éclairer la mer. S’il protège ainsi ses propres nationaux, n’oublions pas qu’il rend service en même temps au monde civilisé tout entier. Jean Brunner.


LE BUREAU MÉTÉOROLOGIQUE
DE LONDRES.

(Suite et fin. — Voy. p. 73.)

La Société royale de Londres avait concouru à la fondation du bureau météorologique par une remarquable série d’instructions (février 1855), sur les points les plus importants de la science et sur la forme à donner aux observations. Dans la réorganisation qui suivit la mort de l’amiral Fitz Roy, cette société fut invitée par le gouvernement à constituer un comité de surveillance du bureau, et le général sir E. Sabine, alors président, se plaça à sa tête, en s’adjoignant ceux de ses membres dont les travaux se rapprochaient plus particulièrement de la météorologie, ainsi que l’amiral Richards, hydrographe de l’Amirauté. Ce groupe éminent, qui remplit encore aujourd’hui les mêmes fonctions, entièrement gratuites, dispose d’une subvention votée annuellement par le Parlement, auquel il rend compte des dépenses. Il désigna comme directeur du Bureau un savant distingué, M. Robert H. Scott, auquel furent adjoints le capitaine Henry Toynbee pour la section maritime, et le docteur Balfour-Stewart pour celle qui comprend l’observatoire de vérification de Kewet la surveillance générale des instruments météorologiques.

Le service scientifique est divisé en trois grandes branches : 1° La météorologie de l’Océan ; 2° Les avis météorologiques du temps ; 3° La météorologie des îles Britanniques. Nous allons passer en revue leur organisation et leurs principaux travaux.

C’est, au fond, pour la première branche que le Bureau a été créé ; son domaine comprend l’extension de la principale œuvre de Maury, si bien désignée par Humboldt sous le nom de « Géographie physique de la mer. » On continue à y extraire les données actuellement fournies par les journaux de bord, en s’occupant également d’utiliser les documents anciens possédés par le Bureau, tels que ceux par exemple, qui proviennent de l’expédition de sir James Ross en 1840, 1841 et 1842, et qui peuvent servir à constituer la météorologie, si incomplète encore, des régions polaires australes. Parmi ces travaux, exécutés avec un grand soin, nous signalerons la collection de douze cartes relatives à la température de surface dans l’Atlantique sud ; — douze cartes sur lesquelles sont résumées de très-nombreuses observations recueillies dans les parages du cap Horn et des côtes ouest de l’Amérique méridionale ; — un groupe de cartes et un mémoire relatifs à la météorologie de la partie est de l’Atlantique située au nord du parallèle de 30 degrés, pour les onze jours précédant le 8 février 1870, période de tempêtes pendant laquelle disparut le navire the City of Boston ; — un groupe de cartes concernant une région signalée comme offrant un grand intérêt par Humboldt et par Maury, l’espace compris dans le carré n° 3 de la division de l’Atlantique proposée par Marsden et situé au voisinage de l’équateur, à peu près à égale distance de l’Afrique et de l’Amérique du Sud. Ces derniers travaux contiennent des faits importants sur lesquels nous nous sommes appuyé dans notre étude sur l’Origine des cyclones [1]. Une récente publication intitulée : Notes sur la forme des cyclones dans le sud de l’océan Indien, par M. C. Meldrum, directeur de l’Observatoire de l’île Maurice, fournit sur la théorie de ces phénomènes de nouvelles indications, qui ne manqueront pas d’y jeter une vive lumière.

La rédaction des Notices trimestrielles sur le temps a été continuée en employant des observations dont le nombre et la précision s’accroissent incessamment. C’est aussi dans cette section qu’a été publiée une nouvelle édition du Manuel barométrique de l’amiral Fitz Roy, mis en rapport avec les progrès de la science par M. Robert Scott.

Le directeur du Bureau s’occupe spécialement du service des avis télégraphiques du temps, auquel il a donné une organisation nouvelle. Les déductions empiriques qu’on tirait auparavant des données signalées ont fait place à des déductions plus méthodiques, et on ne s’est avancé que pas à pas, après avoir réduit tout

  1. Voir pages 20 et 58.