fait des gestes, un pantin peut-être ; et ce poupon indiscret croit manier les sphères. Les passions ne sont plus que ces rares coquelicots dans l’herbe rase ; une seule persiste, toute puissante et sans mesure : l’éternelle. La vocation divine emplit de ciel ce temple et ces colonnes. Elle les inonde. Vous n’allez pas venir me parler de vos intérêts, de vos intrigues, de vos querelles. Insectes, vous n’êtes pas à l’échelle.
Seuls, les oiseaux de proie hantent le cirque de Ségeste et tournoient au-dessus du Temple. Je sais à présent et je dirai pourquoi.
La terrible solitude de Ségeste est l’accord nécessaire et parfait de toutes les dissonances. Pareil au vertige où l’on cesse d’être soi pour soi-même, un tel accord exalte toute notre part immortelle. À cette splendeur muette, le désert ajoute la beauté du silence et de l’abandon. Et rien ne peut être plus beau.
Que le théâtre est beau pourtant, ce temple de la grandeur humaine ! Il a la même largeur que le soubassement du temple. Tourné vers le couchant, il contemple la mer éclatante et sereine. Taillés dans le roc, les gradins où je m’assieds ont une chaleur vive ; la pierre est presque brûlante. Je rêve au soleil, les yeux sur les puissants yeux bleus d’Hélène, qui est la mer grecque. Est-ce que j’attends l’entrée du Chœur, et le début d’Agamemnon ? Peut-être.
Cependant, l’immense soubassement du temple me rappelle ; il porte la certitude de toute cette grandeur ; il a défié toutes les invasions et tous les tremblements de terre. Les degrés sont énormes. Ô joie de fouler avec