Page:La Réforme sociale, série 3, tome 5, 1893.djvu/186

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inévitables de tout bouleversement politique, devait bénéficier du plus prodigieux élan de la fortune commerciale et industrielle par la création des chemins de fer et le développement de la navigation à vapeur.

L’association des capitaux révéla sa puissance en complétant les sacrifices faits par le gouvernement pour ces utiles travaux, et les grandes sociétés de chemins de fer servirent de type et de modèles aux sociétés industrielles et financières qui, se formant pour l’exécution de toutes les entreprises importantes, accrurent dans une mesure si large le chiffre des fortunes privées et de la fortune publique. Ce mouvement, à peine arrêté par la tourmente de 1848, continua victorieusement sa marche ascendante sous le second Empire ; la terrible guerre de 1870, les ruines qu’elle amoncela, la rançon qu’elle coûta rendirent plus vif encore l’essor que reprirent les affaires moins de deux ans après ces désastres, et dix ans ne s’étaient pas écoulés que la prospérité du pays atteignait son apogée.

C’est alors qu’il eût fallu, par l’enseignement plus absolu et la pratique plus sévère des devoirs que Dieu commande, endiguer et diriger ce flot d’opulence, et se rendre digne de tant de faveurs par le scrupuleux accomplissement des obligations imposées à ceux qui détiennent le pouvoir et la richesse. Et c’est à ce moment précis qu’entrait en scène la phalange des hommes politiques nouveaux, sortis, pour quelques-uns, de ce que Gambetta appelait les nouvelles couches, et qui, avec une inexpérience naïve qui n’avait d’égale que leur superbe confiance en eux-mêmes, avec une audace qui était l’un des dogmes de leur programme révolutionnaire, se trouvèrent jetés dans ce tourbillon vertigineux de la politique et des affaires.

C’est aussi le moment où, sous l’impulsion de quelques sectaires plus osés que nombreux, une guerre acharnée fut déclarée au sentiment, j’allais dire, à l’instinct religieux du pays ! Le nom de Dieu fut biffé des livres d’enseignement, l’image du Christ fut arrachée des murs de l’école, des lambris du prétoire où des hommes jugent et condamnent d’autres hommes ; dans la patrie de saint Vincent de Paul, les sœurs de charité furent chassées du chevet des mourants ; sur la terre de saint Louis, le soldat sous les armes fut consigné à la porte de l’Église comme d’un mauvais lieu, et pendant que les écrits les plus odieux, les plus obscènes, étaient sans entraves vendus et distribués sur la voie publique, l’Évangile et le