Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/112

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vait dans l’air : « Ce sont, ajouta-t-il, les maisons de Bella Vista auxquelles on a mis le feu. »

La nouvelle en fut portée au colonel, qui, averti encore par un signal de l’adjudant Porfirio, du bataillon de tête, fit accélérer la marche. On prit le pas de course, la ligne des tirailleurs du 20e se précipitant vers la rivière ; mais avant eux s’y était déjà jeté le petit groupe au milieu duquel était le guide. À notre grand étonnement, les ennemis ne faisaient pas mine de nous disputer le passage ; ils s’éloignaient de la rivière, comme ils s’étaient éloignés de la Machorra, et allaient s’arrêter à une assez grande distance dans la campagne, immobiles sur leurs chevaux.

Nous avions donc l’heureuse chance de franchir les premiers la frontière, de toucher la rive gauche de l’Apa, de sentir sous nos pieds le sol paraguéen.

La rivière passée, nous ne mîmes qu’un instant à gravir une éminence qui se trouvait devant nous, et qui nous donna la vue toute proche de la forteresse et du bourg : ils étaient en flammes. Des Paraguéens erraient encore à pied dans l’intérieur et dans le voisinage,