Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/151

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le frappaient du sabre ou de la baïonnette.

Nous cheminions vers les ruines de Bella Vista ; devant nous s’ouvrait une large vallée presque plane, ayant à droite une rangée de monticules en pente douce. L’ennemi aurait pu profiter contre nous de cette disposition du terrain, mais nous fûmes à temps pour nous en prévaloir nous-mêmes en occupant la première de ces hauteurs ; de là notre feu tint les Paraguéens à distance, tandis que nous faisions route, et que nos pièces allaient occuper successivement les points qui pouvaient le mieux nous couvrir. Cette manœuvre, par la précision avec laquelle on la répéta plusieurs fois, nous conduisit sains et saufs jusqu’à une dernière hauteur qui est à cheval sur l’Apa et sur la position de Bella Vista ; nous nous y établîmes dans cette même matinée du 9.

Là encore nous occupions la frontière du Paraguay, mais nous sentions un poignant regret d’avoir à la quitter ; nous l’avions traversée si récemment avec la croyance que nous faisions une diversion importante, sinon même indispensable pour la cause de la patrie ! Nous étions comme frappés de honte de voir nos