Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/221

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pas moins encombrés de malheureux nouvellement atteints et déjà expirants.

Mais, dès que les hautes herbes eurent perdu leur humidité, l’odieux moyen de guerre des Paraguéens fut encore mis en usage contre nous, et, à environ un quart de lieue de notre dernière halte, l’incendie, poussé par un vent assez vif, parut un moment ne pouvoir manquer de nous envelopper sur le lieu même où nous nous étions arrêtés, et où le zèle de Lopès eût été inutile. Un revirement de la brise détourna seul cet ouragan de feu. Nous reprîmes notre lugubre défilé ; mais nous n’avions pas fait encore une demi-lieue que les attelages de l’artillerie s’affaissèrent, les animaux n’ayant pas eu à boire depuis le campement du 19.

Nous étions heureusement sur un terrain dont l’herbe avait échappé au feu du matin, probablement par l’effet du courant d’air qui nous avait sauvés. C’était un plateau étendu se relevant tout à coup d’un bas-fond où coule un petit ruisseau. Un autre plateau un peu plus élevé, et tourné vers le sud, se liait à une campagne immense, celle même que Lopès, dans une