Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/222

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première incursion, avait nommée « Champ des Croix », et au fond de laquelle était notre point de repère, le morne de Marguerite. Le profil de ce pic a quelque chose de remarquable dans son élégante régularité ; nous l’avions aperçu déjà une fois de Bella Vista ; nous le saluâmes maintenant comme un vieil ami.

Si telle fut notre impression, celle de Lopès devait être bien plus vive encore : il se voyait justifié à ses propres yeux, après des doutes cruels. La joie lui rendit toute la vivacité de sa première jeunesse. Un nouvel incendie se déclarait en ce moment dans la plaine ; nous l’y vîmes courir, une torche à la main, pour le combattre, disait-il, à armes égales ; et il y réussit, en passant à travers les cavaliers paraguéens répandus dans toute la campagne, et qui furent au moment de le prendre.

Il était de nouveau en pleine possession de lui-même, libre de toute la responsabilité qui pesait sur lui ; et, quand on lui faisait observer combien il était nécessaire qu’il se ménageât, il répondait que personne ne pouvait aller contre Dieu, qu’il fallait s’en rapporter de tout à Dieu, qui lui disait que nous touchions au terme de