Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/223

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nos épreuves. « D’ailleurs, ajoutait-il, sachons mourir ; les survivants diront ce que nous avons fait. »

La marche du 22 ne put dépasser trois quarts de lieue, car nous dépendions entièrement des attelages de nos canons, et la veille encore le bétail n’avait presque pas eu à boire, le mince filet d’eau de la source auprès de laquelle nous avions bivouaqué suffisant à peine à la consommation des hommes.

Nous fîmes une halte forcée près d’un marécage dont l’herbe était assez belle pour rendre quelque vigueur à nos animaux, et nous y demeurâmes appuyés à un bois, qui heureusement s’étendait jusqu’à une petite rivière nommée Prata, le premier affluent sud du Miranda, ainsi que nous l’apprîmes de Lopès. Nous touchions donc à ce cours d’eau, l’objet de tant de vœux.

Une fois rendus à ce point, le colonel ne vit plus d’obstacle à faire savoir à Nioac notre approche, et avec la nôtre celle de l’ennemi. La communication était libre par le bois de la Prata, qui se perd dans celui de Miranda, de manière à ôter tout risque au passage. Il choisit