Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/272

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vant nous, sans que leurs chiens, par des aboiements, ou leurs bestiaux, par des mugissements, eussent jeté l’alarme dans leur abri. Notre commandant, qui marchait en tête de la colonne, fit faire halte et donna l’ordre de se préparer pour tomber à la baïonnette sur le campement des ennemis.

Mais ils se retiraient déjà en toute hâte, nous laissant le passage libre : ils ne se donnèrent même pas le temps de rassembler tout le troupeau qu’ils menaient avec eux ; il s’en échappa quelques animaux que nous prîmes, et qui furent pour nous d’une valeur inestimable : c’était la vie même. Malgré le besoin qui nous pressait d’aller en avant, il ne fut pas possible de refuser aux soldats le temps nécessaire pour dépecer nos prises et en manger une partie, qu’ils prirent à peine le temps de présenter au feu.

Ils emportèrent le reste pour les besoins futurs, et, traversant le poste abandonné, ils se chargèrent encore de rations qui s’y trouvaient, même de cuirs que la disette des jours précédents leur faisait considérer comme une dernière et précieuse ressource contre l’inanition.

Remis en route, la pluie nous accompagna