Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/273

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encore, sans que notre marche en fût ralentie, quoique de temps à autre on fût forcé de s’arrêter, pour attendre l’artillerie. Elle s’attardait dans les plus mauvais pas, et avec elle le bataillon d’arrière-garde chargé de l’escorter ; il en résultait souvent, dans la marche, une perturbation d’autant plus grande que les ordres n’étaient communiqués le long de la colonne qu’au moyen de cris aigus sujets à des interprétations diverses. Nous avançâmes pourtant de la sorte jusqu’à quatre heures du matin ; mais le signal de halte ayant été donné, tous rendus de fatigue, succombant au besoin du sommeil, nous nous laissâmes tomber à terre, dormant déjà, coulés dans nos ponchos ruisselants d’eau comme le gazon qui nous servait de couche.

Deux heures après, à six heures, nous étions debout, et grâce à ce que nous avions pris d’aliments, nous sentant plus de force, nous continuâmes, sous un ciel serein et dans un air tempéré, notre interminable course vers Nioac, apercevant partout sur le chemin où les Paraguéens nous précédaient, en se retirant devant nous, l’empreinte des pieds de leurs chevaux.