Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/82

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émotions très diverses et presque contradictoires : des espérances de rencontrer l’ennemi qui devaient n’être pas satisfaites, et l’imprévu de scènes de famille des plus touchantes.

Une femme arrivant de Nioac vint nous annoncer qu’elle avait rencontré, sur le bord d’un cours d’eau voisin, une troupe de cavaliers, parlant entre eux l’espagnol, et qu’après lui avoir adressé quelques questions, ils l’avaient laissée passer tranquillement.

L’éveil est donné sur toute la ligne et à l’arrière-garde ; mais bientôt nous avons l’agréable surprise de voir revenir notre détachement amenant dix cavaliers : c’étaient des fugitifs du Paraguay, c’étaient des Brésiliens, des frères ! Ils appartenaient à des familles aimées et bien connues de propriétaires des environs de Nioac : les Barbosa, les Ferreira, les Lopès ; ils échappaient à un ennemi impitoyable.

La nouvelle de leur apparition circule avec la rapidité de l’éclair dans tout le camp et jusqu’à Nioac même. Hommes et femmes accourent pour les voir avec une espèce d’enivrement, et la plupart tout en larmes. Des compatriotes ! Entourés, enlevés, ils se trouvent tout à coup