Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À deux heures de l’après-midi, la marche fut reprise, mais la lenteur en était extrême ; le pas des bœufs qui tiraient l’artillerie réglait le nôtre, et encore de temps en temps tout s’arrêtait, parce que le colonel lui-même, allant et venant avec son état-major de l’avant à l’arrière-garde, se mettait à examiner les environs à la longue-vue, d’un air tantôt distrait, tantôt très attentif. Nous en étions surpris, car si jamais campagnes furent sans mystères, c’étaient bien celles que nous traversions. Elles étaient complètement dénudées, l’herbe même avait péri : on l’avait incendiée partout, de sorte que les tirailleurs, distribués au moment du départ le long de notre colonne pour l’éclairer, nous avaient ralliés tous, dispensés d’un service qui n’avait plus d’objet.

On gagna vers la tombée de la nuit un grand morne.

Le 16, la marche recommença dans le même ordre ; seulement les différents corps devaient alterner d’un jour à l’autre, en tête et au centre, comme à l’arrière-garde.

Nous suivions une route formée de deux sentiers parallèles espacés entre eux par trois