Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/93

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ou quatre palmes de gazon, s’étendant à perte de vue dans des plaines toutes découvertes. Quelque buisson, quelque arbuste à peine, s’y montraient à longs intervalles ; l’horizon seul avait des bouquets de bois. Les deux sentiers étaient très battus, et il était visible que tout récemment des cavaliers y avaient passé et repassé en troupes nombreuses.

De cette voie partaient, de place en place, d’autres empreintes de pieds de chevaux dirigées vers les accidents du sol qui permettaient de voir au loin ; il n’y avait plus lieu de douter que l’ennemi avait l’œil sur notre marche, et que nous étions observés.

Nous allâmes camper près du morne du Retiro, dont nous occupâmes le versant d’où s’échappe, à sa base, un gros ruisseau du même nom. La nature est admirable dans ce lieu : l’eau est bordée de palmiers et coule entre des rives légèrement sinueuses, revêtues d’un gazon court et fin, de la plus belle nuance vert d’émeraude.

Non loin de là avait résidé autrefois cette même D. Senhorinha, dont nous avons plus haut vanté l’hospitalité. Elle était alors mariée