Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/94

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en premières noces à un Lopès (Jean-Gabriel), frère de notre vaillant guide José Francisco, et qui mourut en 1849. Sa veuve, restée seule avec des enfants dans un pays de frontière où il n’y a nulle protection pour les faibles, avait été déjà une fois saisie et emmenée par une troupe de Paraguéens. Réclamée quelque temps après par la légation brésilienne à l’Assomption, et rendue à la liberté en 1850, elle avait, selon la coutume assez générale du pays, contracté un second mariage avec son beau-frère, notre guide lui-même, qui l’avait établie à sa ferme du Jardin, et enfin, lors de l’invasion paraguéenne de 1865, elle avait été prise de nouveau et encore emmenée.

Nous quittâmes le Retiro le 17 mai au matin, et, deux lieues plus loin, nous rencontrâmes une bâtisse en forme de hangar ou de hutte qui venait évidemment d’être évacuée par une ronde ennemie. À côté s’élevait un de ces mâts-vigies nommés par les Paraguéens mangrulhos, gros pieux, ou assemblage de pièces informes de bois, au sommet desquelles ils se hissent pour découvrir au loin les lieux environnants. Nos Indiens Guaycourous s’étaient avancés jusque-là, anté-