Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/95

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rieurement, dans une reconnaissance faite par le lieutenant-colonel Enéas Galvão ; cette fois nos alliés sauvages firent un feu de joie du mât et de la hutte.

En ce moment, le colonel fut averti que nos convois s’étaient embourbés à la sortie du Retiro ; il décida aussitôt que, sans interrompre le mouvement, on irait les attendre à quelque distance en avant, ce qui fut fait, et l’on établit le camp au point même où avait existé la ferme de Jean-Gabriel. Un fort parti d’avant-garde fut placé en observation sur une éminence qui dominait la campagne.

C’était un capitaine de la garde nationale de Rio Grande qui commandait ce détachement, Delfino Rodriguez Pereira, plus connu sous le nom de son père Pisaflores, homme énergique, à la bravoure duquel tout le monde rendait hommage. On le voyait alors regarder fixement du côté de l’ouest ; tout à coup un cri partit de plusieurs côtés à la fois : « La frontière ! » De la hauteur où était le poste, on avait en effet la vue des bois sombres de l’Apa, limite des deux pays.

Ce fut un moment solennel, une émotion