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l’argent — exactement comme les chevaliers du moyen âge en Europe qui méprisaient l’étude des livres. Les enfants des guerriers japonais étaient élevés de manière à rester ignorants même de la valeur des différentes pièces de monnaie. Les nobles laissaient toutes leurs questions d’argent aux soins de leurs intendants, qui, dans l’échelle sociale, occupaient un rang inférieur à celui du dernier des Samurai. Parler argent était le fait d’un homme sans éducation. Depuis, tout a bien changé, et les mathématiques ont pris dans l’éducation militaire japonaise une place importante, comme dans les autres pays, de même que le tir à l’arc a été remplacé par le tir au fusil et le tir au canon.

Sans doute la partie la plus importante de l’éducation d’un Bushi était la morale, ou ce que nous appelons l’éthique. Le domaine en est si vaste que l’on pourrait y consacrer des volumes. Le docteur Inaso Notibé a déjà écrit un livre sur ce sujet. Comme il l’a fait remarquer, la base fondamentale de la morale du Bushido se trouve dans l’enseignement de Bouddha et dans le culte des héros et des ancêtres, ou du Shinto, qui est la religion nationale du Japon.

Ainsi, l’on vante à l’excès la vérité et la loyauté, deux dogmes essentiels du Bouddhisme, comme les plus hautes vertus du Bushi ; à côté d’elles le courage physique n’est qu’une qualité exigée du simple soldat. « Le vrai courage consiste à faire ce que l’on doit », dit un proverbe du Bushido. Un prince de Mito, disait :

« Le clown le plus ordinaire peut s’élancer au plus épais d’une bataille et être tué. Il faut un vrai courage pour vivre quand la vie est pénible, et pour n’attendre la mort que quand on doit mourir. Aussi le Samurai avait-il des mots spéciaux pour le « courage d’un gentilhomme » et pour le « courage d’un scélérat ». La mort d’un homme qui tombait pour une cause indigne était appelée « la mort d’un chien ».

On prisait par-dessus tout la vérité et la franchise.

« La vérité, disait un ancien Daimio fameux, est nécessaire pour maintenir le caractère d’un Bushi, comme le squelette est nécessaire à notre corps. Comme nous ne pourrions pas nous tenir debout sans l’assistance de nos os, de même le simple courage, l’érudition ou des qualités remarquables ne suffisent pas pour faire d’un Samurai un homme complet. »

Un autre, non moins célèbre, en exposant les principes du Bushido, définit la vérité : le pouvoir d’une volonté honnête. Voici comment il exprime sa pensée :

« Être vrai devant soi-même comme devant les autres, c’est