Page:La Revue, volume 56, 1905.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Kusinoki, dont les fils étaient tous tombés sur les champs de bataille pour leur souverain.

À ce glorieux exemple, célèbre dans l’histoire du Japon, vient d’être ajouté l’exemple des trois Nogi.

L’histoire remarquable de la chute de Port-Arthur ne sera jamais racontée aux générations futures du Japon, sans les faits d’armes héroïques des trois Nogi.


II


Maintenant, quels sont les principes du Bushido ? Cette question est aussi difficile à résoudre ex abrupto que le serait l’explication en quelques mots, de l’essence de la chevalerie des pays de l’Occident. Tout ce que l’on peut faire est de citer les exemples de quelques-uns des plus fameux héros Japonais qui passent pour avoir personnifié le Bushido, comme Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche, personnifie la chevalerie française. Essayons donc de donner un aperçu des principaux points de l’éducation d’un Bushi.

Au temps féodal du Japon, elle comprenait l’escrime, le tir à l’arc, le jiujutsu (la lutte), le yawara (l’art de se défendre), l’équitation, la tactique militaire, l’écriture, la poésie, la musique, l’histoire et la morale. Le yawara, ce noble art japonais, ou défense de soi-même, est une combinaison de lutte, de boxe et de coups de pied. Le principal but, dans le yawara, est de mettre son adversaire hors de combat en lui portant, soit avec le poing, soit avec le pied, un coup qui l’étourdisse, en l’étouffant jusqu’à complète insensibilité, ou en lui infligeant une chute étourdissante.

L’écriture, ou plutôt l’art d’écrire, a fait au Japon des progrès extraordinaires. Outre les vieux caractères chinois qui comprennent plusieurs genres, il y a, au Japon, deux différentes sortes de caractères idéographiques : le Katakana et le Hiragana, auxquels il faut joindre les mélanges de caractères chinois et japonais, tels que le Kana-manari et le Kana-tsuki. Chaque idéographe ayant une signification et formant souvent de petites peintures en hiéroglyphes, ces caractères ont une valeur artistique propre, variant en perfection suivant le talent de l’auteur. Aussi y a-t-il un proverbe populaire au Japon qui dit que l’on peut juger d’un gentilhomme par un seul des caractères qu’il a écrits.

On remarquera que l’éducation militaire du Japonais, au temps de la féodalité, négligeait l’une des branches les plus importantes de la science militaire moderne, les mathématiques. Les anciens Bushi se faisaient une gloire de ne pas savoir compter — surtout