sympathique Secrétaire de la rédaction de la Revue Blanche grand, maigre, pâle, les cheveux rejetés en arrière ; — un peu la tête de Rzewuski, en roux.
Cinq heures sonnent quand je pénètre dans les bureaux de la Revue. Après avoir traversé l’élégante Salle des Dépêches, bondée de curieux, je monte quelques marches. Dans l’antichambre, tapissée de réjouissantes affiches de Chéret, une rangée de valets de pied en grande tenue me rappellent que c’est aujourd’hui le jour du Revue-five o’clock-Blanche
— C’est vrai, je l’avais oublié ; mais puis-je parler quand même à M. Paul Leclercq ?
— Je vais le prévenir. Si monsieur veut entrer dans son bureau….
Bureau superbe et magnifiquement meublé : un luxe de bon ton. M. Leclercq ouvre la porte, l’air très pressé. Il est en smoking bleu ciel.
— Excusez-moi, me dit-il, mais je n’ai que quelques minutes à vous consacrer. On me réclame à côté, dans les salons. À propos, vous n’entrez pas ?
— Je vous remercie bien ; je ne suis pas présentable. Je venais seulement….
Oui, vous venez m’interviewroger sur la littérature de demain ?
— Précisément.
— Pour moi, elle sera en mi-bémol.
Nos lecteurs ne sont pas sans connaître les théories originales de M. Leclercq sur la poésie : il prétend la ramener à la formule mathématique des intervalles musicaux et au geste rythmique accompagnateur. Son livre La Gloire du Geste est le drapeau des gammologues.
— Oui, continue M. Leclercq, les bras en volute, j’entrevois un Art, tout un Art, vous savez, qui serait comme, à l’aube, des sons de harpe renforcés par une pantomime grandiose. — Oui, en mi-bémol, c’est bien cela. Simple d’ailleurs, cette pantomime, et sobre : l’harmonique courbe des corps nus.
— Ah ! nus ?