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LA. REVÜE BLANCHE

L^hippogriffe, 2’est un ballon dirigeable, c’est un bateau sous-marin, c’est uae échelle vers le centre de la terre. Thypothè^e scientifique triturée par des main§ inexpertes, c’est aussi le Giide mis eu tranches avec une petite histoire qui est toujours la même, Fhistoire de la capture de la diligence. Seulement, la diligence, c’est le ballon à hélices ou le bateau sous-marin. Et quels Français ! Ah les beaux Français de cette geste de la science par les Français, de Taventure par les Français, Apprend-t-oa que deux Américains, dans cette littérature c’est le peuple froidemeat audacieux, ont parié dana un cercle une chose extraordinairement audacieuse, et commencé à la préparer scientifiquement, arrive ua Français plein de rondeur : Vous voulez savoir ce qui se passe dans la lutie, mais me voici, i’y vais... Il hâbie, il étourdit l1 Américain mathématique et l^nglais qui a les yeux fixés sur le pôle Nord. Et Teafant rêve, il rêve géographie, noms propres, nomenclature, pôles ; ii rêve à côte, au long de rimagiuatioQ, Ah 1 que sqs songeries à lui, sont sans doute plus intéressantes que cet ensemble de renseigaements façonnés et dérangés d’imaginatioii qu’on lui sert l M. Jules Verne est le maître de ce genre ; c*est ua des forts toanages de notre librairie, On ne fait pas attention à lui pendant Tannée ; il arrive avec décembre ; avec les petites baraques et les oranges, c*est le bonhomine Noël de la vulgarisation géographique. L’écrivaia ne compte pas. son style est quelconque, style de lettre de commerce, sa fantaisie est bornée, son érudition semble des plus faciles à réussir : c’est le roi du roman géographique. 〇n n’a pu dépasser ses succès. M. H. Malot a balancé uae fois ou deux ces triomphes ; mais qn"est-ce qu’une fois ou deux ? et Romain Kalbris pout-il être mis en balance avec tant de gouffres sondés, de montagnes franchies* de couches dTair traversées et de bateaux merveilleux qui sont le triomphal cortège de M. Yerue ? Prenez les bibliographies, non point celle (Time année, celle qui vient, ou celle qui part, ou celle de telle année prise au hasard, mais feuilletez, dans le répertoire Lorenz, aux tables, la liste des livres ^enfants ; sur une masse de près de soixante pages serrées (en réunissant les tables diverses), cherchez, parmi la liste des auteurs, des noms ^écrivains glorieux, ou simplement notoires, simplement des noms d*écrivains dont il est admis qu^ils font de la littérature, vous trouverez une fois ou deux Desbordes-Valmore, Charles Nodier, parmi les vivants M. Anatole France, une fois M. Pouvilloa, M. Léon Cahun, M. Arsène Alexandre, enfin M. Camille Lemonnier. Tout le reste, ce sont des spécialistes, des professionnels du livre bébête. Vous verrez qu’à une véritable rubrique ouverte sous le patronage de Robinson, au titre Robiasons divers, il y a plus de soixante imitations, transplantations, naturalisations, adaptations du roman anglais. Serait-ce loyauté de la part de ces producteurs se plaidant à reconnaître bien haut la source de leurs imaginations ? je croirais plutôt qu’il s’agit d’utiliser un peu le succès prestigieux du livre célèbre. Très souvent la fraude u’est pas avouée, et sous la carcasse ronge et