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que celui-ci se précipite sur l’homme et arrête à temps son geste, l’effort est perdu ; de plus, si dans le contact, involontairement, il heurte le gradé avec son arme ou avec ses mains, il y a voie de fait sur un supérieur à l’occasion du service : Mort.


LA LACÉRATION D’EFFETS

La lacération d’effets est un délit analogue au refus volontaire quant aux motifs qui le suscitent. C’est un acte de désespoir, une sorte de suicide par lequel pour fuir on s’enfonce de plus en plus dans la géhenne.


L’ABANDON DE POSTE ET LE SOMMEIL EN FACTION

Ces délits sont commis pour les mêmes motifs que le bris de clôture ; il est sous-entendu que le sommeil en faction est alors simulé.

Seulement le bris de clôture à ce caractère spécial qu’il pare à une surprise brusque tandis que l’abandon de poste et le sommeil en faction sont commis pour éviter une surprise latente dont le projet a été révélé au disciplinaire par l’inhabileté du gradé. Lorsqu’on se sait cherché, il est préférable de ne pas attendre d’être sur la piste, parce que l’article 254 dont relève le bris de clôture est indécis, fort vague, qu’il faut pour escompter le bénéfice du délit tabler sur l’indulgence et l’humanité des juges, tandis que les articles 212 et 213 sont nets : deux à six mois de prison.

Lorsque je fus envoyé à Tunis pour comparaître devant le conseil de guerre, j’avais comme compagnon de chaîne un nommé Azemar qui tournait pour le délit d’abandon de poste. Son but avait été de changer de compagnie pour échapper à certains gradés qui s’acharnaient contre lui. Sa plus grande crainte était d’être acquitté. Quelques jours avant de passer au conseil, il apprit que les condamnés à deux mois faisaient leur temps à la prison de Tunis au lieu d’être envoyé au pénitencier de Bône et que, par conséquent, restant dans la même division, il serait réintégré à la 1re  compagnie s’il n’était condamné qu’au minimum.

Aussi le jour du Conseil, lorsque son avocat vint le voir quelques minutes avant de plaider, il le supplia de ne pas faire une trop chaleureuse plaidoirie, de ne pas demander l’acquittement, ni même le minimum de la peine.

Il fut condamné à trois mois de prison. Je n’ai jamais vu pareille joie.


LA DISSIPATION D’EFFETS

La dissipation d’effets peut être volontairement accomplie par le disciplinaire ou suscitée par le gradé.

Dans le premier cas, elle se produit ainsi :

En colonne, en détachement de route, les disciplinaires mal nourris, trouvent l’occasion de satisfaire leur faim en troquant à des