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Page:La Revue blanche, t26, 1901.djvu/568

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appliquent journellement, avec un esprit de suite que l’on aimerait parfois retrouver ailleurs.

Les divergences profondes que l’on a cru saisir dans les bataillons du fonctionnarisme colonial ne sont qu’apparentes : il y a diversité dans les réalisations et unité formelle d’inspiration. De tous les hypogées administratifs sort le même souffle instigateur et corporatif qui fait les colonies toutes semblables.

Le principe corporatif, le dogme colonial, c’est : la négation de l’idée démocratique.

L’adoption d’une pareille enseigne coloniale — encore qu’on la déguise sous des formules retentissantes dont la richesse nationale, l’honneur du drapeau, les beautés de la civilisation font tous les frais apparaîtrait quelque peu paradoxale, quelque peu infâme aussi sans aucun doute, venant d’une démocratie, si l’on ne songeait que les foules démocratiques n’ont aucune influence sur les affaires coloniales, abandonnées qu’elles sont à l’arbitraire du gouvernement et aux impulsions d’une petite oligarchie parlementaire douée de la vertu de compétence.

Il y a dans le monde deux Frances qui ne se ressemblent que par les couleurs du drapeau et les effigies monétaires. Déjà la France gouvernée et la France gouvernante, la France populaire et la France administrative, la première, française et révolutionnaire, la seconde, romaine et despotique, peuvent donner une idée de ces deux Frances, qui sont la France métropolitaine et la France coloniale.

Tandis qu’ici la République lutte, en paroles tout au moins — et c’est déjà une belle chose, c’est déjà une grande chose que l’affirmation solennelle d’un idéal — pour la meilleure civilisation par le progrès constant de la démocratie, la même République — est-ce bien la même ? — déporte amicalement dans les terres vierges de ses colonies les vieilles idées malfaisantes du passé, afin qu’elles puissent, affranchies de toute coercition, s’y enraciner profondément et produire, à l’intention des peuples jeunes dont elle dirige fortement les destinées, ces fruits redoutables dont l’amertume nous a dégoûtés pour jamais.

Or ce catéchisme colonial peut se résumer ainsi ; substitution violente des idées d’ici aux idées indigènes ; substitution violente de l’autorité métropolitaine à l’autonomie indigène.

Parmi les idées que l’administration se donne pour mission de propager par le monde à la pointe des baïonnettes, sous le couvert de la civilisation, viennent en toute première ligne ses idées économiques, celles que professent avec une égale conviction Rothschild et Léon XIII. Les virtuoses de l’expansion coloniale nous ont répété mille fois que prendre une colonie, c’est prendre les actions d’une gigantesque entreprise, que les peuples n’enjambent les latitudes, ne franchissent l’arc des méridiens que pour entraîner à leur suite, en des campagnes productives, leurs marchands et les marchandises nationales.

Ce que l’on poursuit en Asie, en Afrique, partout, ce n’est pas le