s’occupent activement de le grossir encore, il est peut-être utile de se demander si d’ores et déjà, l’on ne saurait pas tirer de la considération d’ensemble des résultats acquis certains principes généraux, certaines lois qui, mettant un peu d’ordre dans tout ce chaos, autoriseraient ensuite, grâce à la connaissance réelle des faits élémentaires, l’organisation d’expériences vraiment scientifiques, d’expériences dont le résultat précis ne donnerait pas lieu à autant d’interprétations qu’il y aurait de gens à les interpréter !
Pour exposer les faits aujourd’hui connus, il faut procéder par approximations successives ; l’observation d’un résultat global commun à tous les êtres vivants, de l’assimilation, par exemple, qui est le plus général de ces phénomènes globaux, permettra de faire certaines déductions, sans hypothèse, relativement aux êtres composés d’une agglomération de cellules. C’est ainsi qu’avec la seule constatation de l’assimilation et de la variation chez les êtres unicellulaires, nous serons conduits d’abord à la notion de l’auto-adaptation des êtres complexes à leur milieu, puis à celle de la transmission héréditaire des caractères congénitaux et même des caractères acquis dans la génération agame ; ensuite, l’étude du mélange des caractères des parents dans la génération croisée nous fortifiera dans notre hypothèse sur la nature des phénomènes sexuels et nous conduira à une conception plus nette de la vie intracellulaire ; ainsi de suite, en faisant la navette entre les êtres supérieurs et les êtres unicellulaires, nous progresserons, lentement, mais sûrement, par la considération de phénomènes globaux ayant trait à des parts de moins en moins étendues des activités individuelles.
Toutes les fois, qu’en route nous serons amenés à faire une hypothèse, nous la mettrons bien en évidence au lieu de la dissimuler habilement, et à partir de ce moment, nous saurons que nos raisonnements déductifs ont un double but : d’abord serrer les faits de plus près, ensuite, vérifier a posteriori l’hypothèse à laquelle nous avons été conduits par de précédentes déductions. Et j’espère que nous arriverons ainsi, en fin de compte à ce qui est le bagage le plus précieux du chercheur : un certain nombre de questions nettement posées.
Une des nécessités les plus importantes de cette série d’études biologiques sera de séparer les questions. Toute la biologie tient dans l’étude complète d’un puceron, et si l’on veut tout étudier à la fois, on court le risque de ne rien éclairer du tout.