Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/575

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C’est surtout pour l’hérédité que cela est remarquable ; on confond, en général, à propos de l’hérédité, tous les phénomènes qui se manifestent lorsqu’un œuf d’homme reproduit un homme, c’est-à-dire tous les phénomènes de la vie, toute la biologie ! Et c’est pour cela que l’hérédité a toujours paru quelque chose de si mystérieux.

En réalité, dans cette merveille que l’œuf d’homme reproduit un homme, il y a un grand nombre de faits différents :

1° Le fait que l’œuf d’homme produit, en se nourrissant, de la substance d’homme, phénomène global caractéristique de la vie ; c’est l’assimilation.

2° Le fait que de la substance d’homme, se produisant dans les conditions de l’assimilation, prend progressivement la forme d’un homme ; c’est la question du rapport de la forme spécifique à la composition chimique ; c’est le problème de l’évolution individuelle.

3° Le fait que, à chaque instant de son développement, l’homme est adapté aux conditions ambiantes, que son mécanisme est coordonné et exécute précisément ce qui est nécessaire à la conservation de la vie ; que, d’autre part, chez un être différent, le mécanisme est autre, mais est encore coordonné de manière à entretenir l’existence ; c’est là la chose admirable que l’on essaie d’expliquer en étudiant l’origine des espèces. L’origine des espèces nous fait comprendre qu'il y a des hommes, ou si l’on veut, de la substance d’homme qui, par évolution individuelle, produit des hommes, ce qui est une conséquence du phénomène d’assimilation.

4° Le fait que l’œuf a une structure si admirablement précise que, dans des conditions données, il reproduit avec tant d’exactitude le mécanisme très compliqué de l’homme et la question de savoir quelle est cette structure. Ceci est une question qui, dans l’état actuel de la science, reste en dehors de l’horizon humain ; nous arriverons peut-être à la résoudre un jour, mais pour le moment nous devons nous contenter d’arriver à comprendre, en langage global, que cette structure si admirable doive exister pour des raisons parfaitement claires ; soyons reconnaissants à Lamarck qui nous a permis de le comprendre.

5° Le fait que l’œuf, issu de deux parents, transmette à l’enfant des caractères empruntés aux deux parents ou lui fournisse au contraire des caractères nouveaux. Ceci est le problème de l’amphimixie ou mélange des sexes : c’est la question de la sexualité…

J’en passe, et des plus importants ; c’est toute la biologie, et il est bien évident que ceux qui ont voulu tirer de toutes pièces