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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/185

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LA REVUE DU MOIS

…À Monsieur Hévélius qui a eu de la peine à la croire n’ayant pas d’assez bonnes lunettes pour en être rendu témoin oculaire. Et pourtant il espère d’expliquer la cause des merveilleuses apparences de Saturne, desquelles il a écrit un traité qu’il a promis de m’envoyer bientôt. Celui que j’avais entrepris a reçu quelque retardement, à cause que les anses de Saturne ne sont pas revenues ainsi que je me l’étais imaginé. Ce qui ne renverse pas pourtant mon hypothèse mais me contraint d’attendre jusqu’à l’année qui vient, qui assurément produira d’étranges apparitions, et ma grande lunette de 24 pieds étant d’un merveilleux effet, je ne doute pas que je ne découvre tout ce que je désire savoir pour parfaire le système.

À quoi son correspondant répond, le 23 juin :

Quant à la tromperie que vous a fait Saturne cette année, il faut espérer qu’il la réparera l’année qui vient et vous achèvera de glorifier en vous donnant moyen de parfaire votre système.

Et bien des doutes subsistent, comme le montre une lettre du 12 juin adressée à J. Chapelain par un correspondant indéchiffré :

Je voudrais bien savoir si les observations ne lui (Huygens) ont point fait changer d’avis. Croit-il que Saturne ait en soi le principe de son mouvement et de sa lumière ; que son influence agisse sur la Terre et sur les Éléments ; que ses deux anses soient de sa nature ; que la droite s’en soie séparée pour un temps sous une autre figure ; que la gauche fut quelque chose de distinct qui s’insinuât aux yeux des observateurs à travers les lunettes pour leur faire découvrir sans fallace toutes les circonstances du Système de ce Planète.

Et, à la lettre de de Roberval, Huygens répondait le 20 juillet :

Je serai ravi de voir votre hypothèse pour ce qui est des anses de cette planète (Saturne), laquelle je suis bien assuré qu’il ne ressemblera pas à la mienne, puisqu’elle ne soutire pas que Saturne fasse le tour sur son centre en si peu d’heures que la mienne semble requérir.

Hévélius m’a envoyé son traité qu’il a mis au jour De Saturni nativa facie, son hypothèse est que Saturne a en effet deux anses attachées aux côtés de cette façon (1 fig. 12) en quoi je ne pense pas

    pension de mille écus du cardinal Richelieu. Il fréquentait les assemblées scientifiques et fut un des premiers membres de l’Académie française. Boileau dit de lui qu’il était méchant poète, mais excellent homme.