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LA REVUE DU MOIS

Plus précis et plus général que l’idée de Pasteur sur le pouvoir rotatoire des cristaux lié à une dissymétrie particulière de la forme extérieure, le principe de symétrie affirme l’impossibilité de voir se produire un phénomène physique donné dans un milieu qui ne présente pas une certaine dissymétrie minima, caractéristique du phénomène, dissymétrie qui ne peut se trouver dans l’effet si elle ne préexiste dans la cause, dans l’état du milieu. C’est là une forme nouvelle et féconde du principe de causalité que Curie fut conduit à énoncer et à utiliser une première fois dans ses études sur l’électrisation des cristaux et qui l’amena à formuler les symétries ou les dissymétries caractéristiques des divers phénomènes.

Comme un corps électrisé qu’on y place est soumis à une force de sens déterminé, un champ électrique, de même qu’une vitesse, une force, un tronc de cône, ne peut présenter de plan de symétrie perpendiculaire à sa direction ; tout plan qui contient celle-ci peut être, au contraire, un plan de symétrie. On en conclura que, dans un milieu qui possède un semblable plan, qui est identique à son image dans un miroir de direction convenable, il ne se produira jamais spontanément de champ électrique perpendiculaire à ce plan et qu’on devra chercher ce phénomène uniquement dans une direction parallèle à la fois à tous les plans de symétrie du système ; si aucune direction de ce genre n’existe, s’il existe des plans de symétrie ne passant pas tous par une même droite, la production spontanée d’un champ électrique est impossible dans le milieu. Mêmes conditions pour les axes de symétrie, puisqu’un champ électrique ne peut être superposé à lui-même que par rotation autour de sa propre direction : il ne peut se produire que si le milieu ne possède pas d’axe ou en possède un seul, et, dans ce dernier cas, le champ électrique doit être parallèle à l’axe unique.

On peut donc prévoir, par application simple, quels sont les cristaux qui pourront présenter la pyroélectricité, l’électrisation par simple échauffement, et dans quelles directions elle pourra se produire. Importante contribution à l’étude d’un phénomène connu depuis l’antiquité, et dont lord Kelvin donne la représentation suivante : toutes les molécules du milieu sont polarisées électriquement dans une direction commune qui peut être un axe de symétrie ou se trouver contenue dans un ou