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L’APPARITION DE LA VIE SUR LE GLOBE

Entraînés dans un semblable milieu, les sédiments se trouvent soumis à l’action de vapeurs à haute température, alcalines, fluoriques, boriques, etc., toutes douées d’une activité chimique des plus intenses : ces vapeurs imprègnent les sédiments, grâce aux mille fissures qui les pénètrent et se combinent avec la matière siliceuse, argileuse ou calcaire qui les constitue pour la transformer en silicates divers : feldspaths, micas, amphiboles et pyroxènes, qui sont précisément les minéraux cristallisés constitutifs des roches granitoïdes. Même une partie des sédiments a dû être entièrement digérée et incorporée dans le magma interne, perdant ainsi toute trace de la structure feuilletée originelle. La base tout entière de la série des couches sédimentaires déposées dans les premières mers, se trouve probablement détruite par ce procédé et définitivement soustraite à nos observations.

Quoi d’étonnant alors, si cette théorie du métamorphisme général est exacte, que les traces organiques aient entièrement disparu des couches archéennes où des êtres vivants avaient dû les abandonner au moment du dépôt de ces strates dans les anciens océans ? De fait, la série cristallophyllienne, qui dans quelques points du globe atteint plus de 20 kilomètres d’épaisseur de couches superposées, paraît entièrement dépourvue de fossiles et il semble peu vraisemblable que l’on puisse jamais y en découvrir.

Pourtant il y a bientôt un demi-siècle, une lueur d’espoir sembla luire dans cette voie. Les géologues canadiens étudiant les couches archéennes sur les bords du Saint-Laurent, reconnurent à la surface des bancs d’un calcaire serpentineux intercalé dans les gneiss anciens, des nodosités faisant saillie en demi-relief et de dimensions variables allant jusqu’à la grosseur d’une tête d’enfant. Examinées en coupe microscopique, ces nodosités se montrèrent formées de minces bandes concentriques et alternantes de calcite et de serpentine, les premières traversées en outre par un système de canalicules perpendiculaires ramifiés. D’éminents paléontologistes, comme Dawson et Carpenter crurent pouvoir reconnaître dans ces rognons la structure caractéristique de certains Foraminifères tels que les